la salle à manger

Ggggrrrrrr !!! Quelle idée de mettre marié !!! Tarcisius, râlait comme à son habitude.

Quelques jours avant, son épouse Isabeau lui avait demandé d'aller chercher un sapin pour décorer la salle-à-manger.
Il pestait car outre ses deux champs de maïs, il devait s'occuper également de sa boucherie, de sa taverne et effectuer des rondes autour de la forteresse de l'Ordre du Saint Esprit.
Il n'avait que faire d'aller chercher un vulgaire sapin en plus de tout cela.

Malheureusement pour lui, non seulement sa douce épouse était une habile apothicaire mais elle était aussi versée dans l'art de trouver les paroles pour lui faire faire tout ce qu'elle désirait.
D'autres auraient dit qu'elle le menait par le bout du nez.
En fin de compte, Tarcisius était peut être seulement heureux de lui rendre la vie plus agréable.

Il maugréait encore lorsqu'il arriva près de leur demeure.

Il ouvrit la porte avec véhémence afin de montrer son mécontentement puis déposa négligemment le sapin au milieu de la pièce.

Voilà j'ai fait mon travail ! Elle l'a son sapin de malheur ! pensa-t-il !

Isa faisait les 100 pas entre le salon et la salle à manger, tenant son amour de fille nichée au creux de son bras.
Elle chantonnait tout en la berçant doucement afin que lui vienne le sommeil,
quand la porte s’ouvrit violemment laissant entrer un grand courant d’air aussi subit que glacé.
Son époux venait de faire irruption dans la salle à manger , jetant à bas l’objet de son désir du moment.

Oh regarde ! ma chérie murmura t’elle à l’enfançon.
Ton papa n’est t’il pas le plus merveilleux et le plus attentionné des pères et des maris ?

Elle s’approcha de lui pour le remercier et l’embrasser, riant intérieurement de sa mine renfrognée.
Elle le connaissait bien son Tarcisius, c’était plus fort que lui, il fallait qu’il fasse son ours mal léché, mais au fond , il n’y avait pas plus tendre que cet homme là.

Oh mais tu es glacé mon pauvre ange !
Tes lèvres sont aussi froides que le marbre.
Allons viens donc t’asseoir au coin du feu, rajouta t’elle en posant délicatement la petite dans la bercelonnette.

Je vais de ce pas te préparer un vin chaud à la cannelle.
Cela te ferait t’il plaisir ? lui souffla t’elle en lui caressant tendrement la joue.

Tenant sa fille dans ses bras, elle accrochait sur le sapin, une boule par ci, une boule par là, un nœud, une guirlande sous le regard intrigué et émerveillé de la petite Romane qui exprimait à sa manière, sa joie de voir cet arbre devenir petit à petit de plus en plus scintillant.
Elle gesticulait dans tous les sens, agitant pieds et mains, les tendant dans un geste possessif, avide de sentir et d’examiner entre ses doigts ses délicats ornements que sa mère s’évertuait d’une main gauche, à maintenir accrochés.

Cela la fit rire de la voir si impatiente et obstinée, et n’était pas sans lui rappeler la jeune fille qu ‘elle avait été.

Ton premier noël, ma douce, puisses tu en avoir de nombreux, aussi joyeux que celui qui se prépare.

Regardes, tous ces jolis présents sont pour toi

Ah non, pas celui ci lui dit t’elle en confidence en lui retirant les doigts du nœud brillant tentateur.

Celui ci est pour papa. Mais…chut !!!

Pour sa petite chérie elle avait choisi de délicates mignonettes qui trônaient dans une maison de poupées .
Un travail fin et délicat qu'un habile menuisier avait confectionné selon ses directives.
Et pour que sa joie soit encore plus grande elle avait commandé le dernier jouet à la mode.
Un cheval de bois articulé par un ingénieux systéme qui le faisait se mouvoir d'avant en arrière pour peu que l'enfant se balance dessus.
Elle avait un peu hésité tout de même, peur que cette "machine" ne se dérégle et envoie choir la petite fille et qu'elle se blesse;
mais son époux , bien plus au fait des nouvelles techniques qu'elle même, lui avait assuré qu'il n'y avait point de danger qu'une telle chose arrivât et elle s'était laissée convaincre en pensant à la joie de Romane devant tel amusement.

Elle déposa donc ses cadeaux au pied du sapin, impatiente de voir, le jour venu, ses yeux émerveillés devant de tels présents et partit s'enfermer dans la cuisine afin d'y préparer tourtes, terrines et gibiers qui seraient à l'honneur pour cette fête de la noël.

Voila! Elle avait enfin reçu sa dernière commande.
Romane galopait à présent dans toute la maison et il était grand temps qu'elle eut des chausses à mettre à ses pieds.
Elle était contente du résultat, le tisserand avait bien travaillé et la doublure en peau d'agneau lui éviterait les morsures du froid.

Elle emballa son dernier cadeau et le déposa avec les autres au pied du sapin tout en prenant soin de bien refermer la porte à clef car la petite n'en pouvait plus d'impatience et sa curiosité la poussait régulièrement devant la porte.

Tarcisius avait économisé pendant des mois, discrètement, afin de faire un cadeau fabuleux à son épouse. Il savait qu'il avait trouvé quelque chose qui lui plairait mais ignorait si elle allait être transportée de joie en voyant son présent.

Spoiler:

Il déposa ensuite le deuxième cadeau au pied du sapin, un peu derrière le premier, se disant que cela allait ajouter un effet de surprise.

Spoiler:

Bon voilà une bonne chose de faite ! Satisfait, Tarcisius alla se coucher. Il avait hâte que cette nuit se finisse afin de voir la joie de sa fille et de son épouse se lire sur leur visage.

Cela faisait des lustres qu’elle surveillait l’horloge du salon, fixant les moindres mouvements des aiguilles endormies qui ne semblaient plus tourner. Brûlante d’impatience, elle faisait les cent pas devant la porte de la salle à manger. C’était depuis plusieurs jours qu’elle était fermée à clé, et Romane l’avait bien vu, on lui cachait quelque chose ! La clé avait miraculeusement disparut du jour au lendemain et cela n’avait pas l’air d’inquiéter Isabeau et Tarcisius, qui lui rabâchaient sans cesse qu’ils finiront bien par la retrouver, un jour. Ceci dit, elle n’était toujours pas là et le fameux jour de Noël arrivait à grand pas.
La petite enfant forçait de tant à autre la poignet de la porte qui refusait toujours de s’ouvrir. Elle collait son oreille contre celle-ci, mais pas un bruit, on ne pouvait rien voir en dessous de la porte non plus… Il restait une dernière solution, la serrure. C'est là que Romane se mit à courir à toute jambe pour attraper un petit tabouret qui avait été confectionné spécialement à sa taille et le posa devant la porte.

« C’est l’heure de vérité, je vais enfin savoir ! »

Elle grimpa sur le tabouret, se mit debout, en équilibre, et glissa son œil à travers la serrure…Quand elle entendit un bruit de pas familier qui se dirigeait vers le salon…


**


« …Romane ? », chuchota sa mère d’une douce voix. Elle secoua doucement la petite main de sa fille pour la réveillée et lui donna un doux baisé sur le front.

Comme surprise dans son infraction, Romane sursauta. Ce n’était qu’un rêve encore une fois...

« Viens ma princesse, on va découvrir ce qu’il y a derrière la porte », dit Isabeau avec un grand sourire.

C’était aujourd’hui, c’était ce jour là qu’elle avait tant attendu ! Elle allait pouvoir voir, se qu’il se cachait derrière cette porte, enfin !
Toute excitée, Romane se précipita avec sa mère pour rejoindre Tarcisius qui se tenait devant la porte de la salle à manger.

Attention ! 1…..2…..3…. TADAM

Et la porte s’ouvrit doucement sous les yeux ébahit de la petit famille.

Il y avait là, le grand sapin qu’elle avait décoré quelques semaines avant avec sa mère, accompagné de divers présents de taille plus ou moins différente. La salle était illuminée par toutes les décorations confectionnées et accrochées avec soins et devant eux était dressée une magnifique table qui les attendait dans quelques heures.
Romane n’en croyait pas ses yeux, elle avait eu une merveilleuse maison de poupées ainsi que deux belles poupées fort bien façonnées. Elle resta la bouche grande ouverte lorsqu’elle vit le cheval de bois articulé, s’imaginant déjà en train de galoper pendant dès heures…
Remplit de joie, elle bondit sur ses parents et les serra contre elle aussi fort qu’elle pouvait.
C’était les plus beaux cadeaux qu’ils pouvaient lui offrir.