VALENCE ( Valentia)
I- LE VALENTINOIS A L' EPOQUE PREROMAINE
La cité de Massalia, depuis longtemps en bons termes avec Rome, lui avait demandé de l’aide contre les Salyens qui ravageaient alors son territoire. L’intervention des Romains, dès 125 av. J.-C., assura sa sécurité : les places fortes barbares, et notamment l’oppidum d'Entremont, furent détruites et, en 123 av. J. C., le proconsul victorieux Caius Sextius Calvinus établit un poste militaire auquel il donna son nom, Aquae Sextiae (Aix-en-Provence).
Les officiers romains reconnurent et exploitèrent sans doute très tôt le potentiel stratégique de la plaine valentinoise. En effet, Orose signale que Caius Marius, envoyé par Rome pour stopper les Cimbres et les Teutons, avait établi son camp non loin de la confluence entre le Rhône et l’Isère2. Ce poste militaire qui y fut établi devait jouer un rôle clé
Le Valentinois fut également la proie de soubresauts d’indépendance : les Allobroges, tribu établie au nord de l’Isère, se soulevèrent à plusieurs reprises contre l’occupant romain et de violents affrontements eurent lieu Mais l’arrivée en 58 av. J.-C. de Jules César par la vallée de la Drôme, Valence et Vienne, fut un tournant dans l’histoire de la région valentinoise et de toute la province : la conquête des Gaules fit du couloir rhodanien un axe de communication nord-sud essentiel, reliant les nouvelles possessions romaines à la mer Méditerranée. De nombreuses colonies y furent fondées, dont Valence, vraisemblablement d’époque césaro-augustéenne dans le territoire appartenant alors aux Segovellaunes.
C'est sans doute durant la deuxième moitié du Ier siècle av. J.-C. que les Romains fondèrent la colonie de Valentia, nom latin signifiant La Vigoureuse.
Au cours des premiers siècles de notre ère, Valence devint un important carrefour routier présent sur les cartes et itinéraires
dès le IVe siècle, Valentia dû faire face à des incursions de plus en plus nombreuses de bandes armées dont le but était d’effectuer des raids avec le souci de rapporter du butin. Malgré ces razzias, Valentia conservait, à l’abri de son rempart, sa parure monumentale rivalisant avec Àrles et Vienne.
A l’aube du Ve siècle, la cité vivait à l’abri du rempart érigé sous le Bas Empire (construction encore visible au siècle dernier) tandis que les invasions barbares faisaient fuir une partie de la population établie en vallée du Rhône. Les Wisigoths s’emparèrent de Valence en 413 ap. J.-C. ; les Burgondes furent maîtres du bassin rhodanien à la fin du Ve siècle ; le Valentinois échut au royaume franc en 533. Ces invasions successives effacèrent presque toute trace de romanisation.
II- VALENCE A L'EPOQUE DU MOYEN AGE
La ville, à l'abri des crues du fleuve et protégée par ses remparts est une étape sur la route des pèlerinages vers Compostelle. La vie religieuse s'anime, la cathédrale Saint-Appolinaire est construite ainsi que l'abbaye des chanoines de Saint-Ruf. Deux personnages importants se disputent le pouvoir sur la ville : l'évêque et le comté de valentinois.
Le Rhône est parfois présenté comme la frontière entre le royaume de France et le Saint Empire romain germanique dont Valence fait partie, jusqu’au XVe siècle, mais c'est surtout un trait d'union entre les différents pays qui le bordent. L'évêché de Valence, tout comme la principauté rivale, le comté de Valentinois-Diois, s'étendent d'ailleurs sur les deux rives. C'est aussi un axe commercial important, notamment pour le sel, ce dont va profiter la ville qui en garde comme trace le nom de la rue « Saunière », autrefois nom de l'une des quatre portes de Valence, celle qui donnait au Sud.
L'essor économique se traduit par le développement de bourgs, surtout du côté du Rhône : la Rivière (Riperia) dite aujourd'hui, moins poétiquement, « basse-ville » ; la Ville Neuve, au Nord de l'ancienne porte Pomperi ; et le Bourg-Saint-Pierre, formé autour de l'abbaye Saint-Pierre, qui a engendré la commune actuelle de Bourg-lès-Valence. Ailleurs, sur la moyenne terrasse, l'habitat hors-les-murs est associé aux fondations religieuses : la commanderie des Hospitaliers Porte Tourdéon, l'abbaye Saint-Félix Porte Saint-Sulpice, la commanderie templière à Faventines, le prieuré bénédictin de Saint-Victor au Sud à proximité de l'ancienne Via Agrippa, et peut-être, plus au Sud encore, une léproserie dont la mémoire est transmise par le canal de la « Maladière ».
Après la disparition du comté de Valentinois, incorporé au Dauphiné, le dauphin Louis II peut imposer l'hommage à l'évêque et à l'abbé de Saint-Ruf (abbé exempt et immuniste) : Valence est donc incorporée au Dauphiné.
La seconde moitié du XVe siècle et le début du XVIe siècle constituent un âge d'or pour la cité médiévale, matérialisé par la Maison des Têtes et le Pendentif. Fondée le 26 juillet 1452 par le dauphin Louis, futur Louis XI, l'université de Valence s'est rapidement développée. Des professeurs de renom venus de divers pays, tel Jacques Cujas ont forgé sa réputation en enseignant le droit, la théologie, la médecine et les arts.
Le dauphin Louis fait de nombreux séjours à Valence qui, en signe d'allégeance, lui fait don d'une porte de la ville, la porte Saunière et de quelques maisons alentour. Il en fait un palais delphinal occupé par la suite par l'ordre religieux des Récollets. Cette époque s'achève brutalement lors de l'occupation de la ville par les troupes du baron des Adrets : tous les édifices religieux de Valence sont partiellement ou totalement détruits.